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vendredi 23 août 2013

BLESLE : sainte Natalène








La ville de Blesle, autrefois illustre du fait de son antique abbaye de Bénédictines, de ses deux églises paroissiales et du pèlerinage (encore très suivi) de Notre-Dame de la Chaigne, eut aussi l'insigne honneur de conserver le corps d'une sainte du nom de Natalène (ou, par abréviation, Lène). 
La légende, peu connue, de cette pieuse vierge, nous est racontée par l'hagiographe auvergnat, Jacques Brancho, prieur-mage de l'abbaye de Pébrac, et par les Bollandistes.
Nous la résumons ici : Natalène naquit, au IVe siècle, dans la ville qui fut plus tard appelée Pamiers; elle était la neuvième fille de Frédélas, gouverneur de la cité : celui-ci, furieux de n'avoir que des filles parmi ses enfants, ordonna de la noyer dans l’Ariège ; mais elle fut sauvée, à l'insu de son père, par saint Martin, dit-on ; et elle se consacra ensuite aux oeuvres de charité. 
Un jour, Alydanus (ou Allyran), lieutenant-général de Frédélas, épris de sa beauté, tenta de la séduire ; irrité de la résistance de la jeune fille, il la dénonça au gouverneur comme une chrétienne zélée. 
Natalène fut jetée au fond d'un cachot et traduite devant le tribunal de Frédélas à qui elle déclara : « Vous êtes mon père ». 
Surpris de cette révélation inattendue, Frédélas consentit à lui laisser la vie sauve, si elle renonçait à sa foi. 
Sur le refus formel de sa fille, le gouverneur la condamna à mort et les bourreaux la conduisirent sur les bords de l'Ariège où ils lui tranchèrent la tête. 
Mais à peine fut-elle décapitée, que l'on vit tout à coup Natalène prendre sa tête entre les mains, au grand étonnement des spectateurs, et rentrer dans la ville jusqu'à la place du Camp où elle expira. 
Plus tard, les escholliers de Pamiers emportèrent le corps de la sainte dans la direction de l'Auvergne.
Comme ils venaient de traverser la ville de Blesle, où ils avaient déposé un instant leur précieux fardeau, et gravissaient le sentier qui mène à Ardes par Bousselargues, le corps de Natalène devint si lourd qu'ils ne purent le soulever ; les cloches de Blesle se mirent à sonner d’elles-mêmes ; les habitants accoururent et rapportèrent le corps dans une de leurs églises où il resta jusqu'à la Révolution : une fontaine jaillit soudain du lieu où la sainte avait été déposée ; c'est celle que l'on voit de nos jours encore.

La fontaine de Sainte-Natalène se trouve au nord de Blesle, derrière les maisons de la place du Vallat, au bas de la montagne : elle consiste en une sorte de citerne creusée au pied d'un rocher qui a été entaillé : sur le devant, on a bâti une muraille soutenant un terrain planté en vigne.
L’eau suinte en petite quantité le long du rocher. 
On n'y remarque aucune trace de niche, de statue ou de croix.
Le culte de Sainte Natalène était jadis populaire dans la contrée. 
De nombreuses personnes recevaient son nom au baptême. 
Blesle célébrait sa fête le 5 novembre, et celle de l'Invention de ses reliques le 12 du même mois. 
On rapporte que lorsqu'un incendie éclatait dans la ville il s'arrêtait dès que l'on apportait la châsse de Sainte Natalène ; l'intercession de la sainte se manifestait aussi contre la grêle et la sécheresse ; devant elle, les malades recouvraient la santé c'est ce qu'attestait messire André Pubert (alias Aubert), curé de Blesle en 1793.
Le culte de Sainte Natalène étant tombé en désuétude depuis la disparition de ses reliques en 1793, la fontaine sainte n'est plus aujourd'hui un lieu de dévotion.

D’après l’Abbé Julien Lespinasse (1924)











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