La ville de Blesle, autrefois illustre du fait de son antique abbaye de Bénédictines, de ses deux églises paroissiales et du pèlerinage (encore très suivi) de Notre-Dame de la Chaigne, eut aussi l'insigne honneur de conserver le corps d'une sainte du nom de Natalène (ou, par abréviation, Lène).
La légende, peu connue, de cette pieuse vierge, nous est racontée
par l'hagiographe auvergnat, Jacques Brancho, prieur-mage de l'abbaye
de Pébrac, et par les Bollandistes.
Nous la résumons ici : Natalène
naquit, au IVe siècle, dans la ville qui fut plus tard appelée
Pamiers; elle était la neuvième fille de Frédélas, gouverneur de
la cité : celui-ci, furieux de n'avoir que des filles parmi ses
enfants, ordonna de la noyer dans l’Ariège ; mais elle fut sauvée,
à l'insu de son père, par saint Martin, dit-on ; et elle se
consacra ensuite aux oeuvres de charité.
Un jour, Alydanus (ou
Allyran), lieutenant-général de Frédélas, épris
de sa beauté, tenta de la séduire ; irrité de la résistance de la
jeune fille, il la dénonça au gouverneur comme une chrétienne
zélée.
Natalène fut jetée au fond d'un cachot et traduite devant
le tribunal de Frédélas à qui elle déclara : « Vous êtes mon
père ».
Surpris de cette révélation inattendue, Frédélas
consentit à lui laisser la vie sauve, si elle renonçait à sa foi.
Sur le refus formel de sa fille, le gouverneur la condamna à mort et
les bourreaux la conduisirent sur les bords de l'Ariège où ils lui
tranchèrent la tête.
Mais à peine fut-elle décapitée, que l'on
vit tout à coup Natalène prendre sa tête entre les mains, au grand
étonnement des spectateurs, et rentrer dans la ville jusqu'à la
place du Camp où elle expira.
Plus tard, les escholliers de Pamiers
emportèrent le corps de la sainte dans la direction de l'Auvergne.
Comme ils venaient de traverser la ville de Blesle, où ils avaient
déposé un instant leur précieux fardeau, et gravissaient le
sentier qui mène à Ardes par Bousselargues, le corps de Natalène
devint si lourd qu'ils ne purent le soulever ; les cloches de Blesle
se mirent à sonner d’elles-mêmes ; les habitants accoururent et
rapportèrent le corps dans une de leurs églises où il resta
jusqu'à la Révolution : une fontaine jaillit soudain du lieu où la
sainte avait été déposée ; c'est celle que l'on voit de nos jours
encore.
La fontaine de Sainte-Natalène se
trouve au nord de Blesle, derrière les maisons de la place du
Vallat, au bas de la montagne : elle consiste en une sorte de citerne
creusée au pied d'un rocher qui a été entaillé : sur le devant,
on a bâti une muraille soutenant un terrain planté en vigne.
L’eau
suinte en petite quantité le long du rocher.
On n'y remarque aucune
trace de niche, de statue ou de croix.
Le culte de Sainte Natalène
était jadis populaire dans la contrée.
De nombreuses personnes
recevaient son nom au baptême.
Blesle célébrait sa fête le 5
novembre, et celle de l'Invention de ses reliques le 12 du même
mois.
On rapporte que lorsqu'un incendie éclatait dans la ville il
s'arrêtait dès que l'on apportait la châsse de Sainte
Natalène ; l'intercession de la sainte se manifestait
aussi contre la grêle et la sécheresse ; devant elle, les malades
recouvraient la santé c'est ce qu'attestait messire André Pubert
(alias Aubert), curé de Blesle en 1793.
Le culte de Sainte Natalène étant
tombé en désuétude depuis la disparition de ses reliques en 1793,
la fontaine sainte n'est plus aujourd'hui un lieu de dévotion.
D’après
l’Abbé Julien Lespinasse (1924)
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vendredi 23 août 2013
BLESLE : sainte Natalène
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