COMPTEUR

mardi 1 octobre 2013

Les templiers : leur histoire



L'élément majeur de la croisade naît avant tout d'un conflit entre deux religions. Nous avons d'un coté la séculaire religion chrétienne, très puissante en Occident, qui est la colonne vertébrale de toute l'histoire médiévale occidentale. Cependant, la religion chrétienne dut subir de grands tords au cours de la seconde moitié du Moyen-âge, dit le "Bas Moyen-âge", avec pour commencer le grand schisme de 1054 qui divisa en deux l'Église chrétienne. En Occident, le catholicisme avec comme chef religieux le Pape, et en Orient l'orthodoxie, avec Byzance, et le Basileus. Cette division brutale a longtemps laissé une ambiance froide, et des correspondances peu enviables entre Rome et Constantinople. Cependant, nous pouvons remarquer que les relations s'améliorèrent vers la fin du XIème siècle, sans pour autant renouer des liens forts entre les deux religions.
De l'autre côté, nous avons une nouvelle religion, apparue dans le courant du VIIème siècle, avec à sa tête un prophète : Mahomet. Depuis lors, l'Islam s'est longtemps développé, prenant toute l'Arabie, l'Empire Perse, et s'étalant même en Occident, en Afrique du Nord, en Espagne et atteignant Poitiers en 732, tout cela en moins de deux siècles. Une religion très puissante considérant que « le paradis est à l'ombre des épées » qui a une force militaire très impressionnante. D'ailleurs, L'Espagne sera toujours un enjeu majeur avec la fameuse Reconquista qui va durer jusqu'au début de l'époque moderne.
Vers 1078, les Turcs Seljoukides, puissante dynastie musulmane qui contrôle un territoire déjà puissant, s'installent au Moyen-Orient et à Jérusalem. Cette dernière est une ville clé pour la religion chrétienne, car un lieu sacré du pèlerinage. Durant toute la période médiévale, on raconte les récits de ces pèlerins qui arrivent en Terre Sainte, et prient devant le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Notons que ce mouvement s'intensifie vers le Xème siècle. Cependant, les Seljoukides sont moins tolérants que d'anciennes dynasties, et ont une fâcheuse tendance à mépriser les pèlerins d'Occident, allant parfois jusqu'à la brutalité. En règle générale, les pèlerins sont arrêtés et "rackettés" à l'entrée de la ville et devant la relique. Un comportement peu appréciable, qui avait déjà été aperçu auparavant avec le calife Fatimide Al-Hakim qui avait endommagé le Saint-Sépulcre en 1009. Ce comportement inquiète les chrétiens d'Occident, et les plaintes s'accélèrent en même temps que l'augmentation des pèlerinages. Le Basileus Alexis Ier Comnène voit en ces Seljoukides une sérieuse menace, et perd peu à peu chaque année des territoires aux profits des musulmans. N'y voyant aucune solution, le Basileus envoie un message au pape Urbain II (1088-1099), afin de lui demander une force armée pour reconquérir les territoires perdus.
Le pape Urbain II prêchant la 1re croisade, Grandes Chroniques de France enluminées par Jean Fouquet vers 1455-1460Le pape décida d'appeler officiellement de l'aide lors du Concile de Clermont, qui se tint entre le 18 et le 26 novembre 1095. Urbain II avait auparavant déjà fait plusieurs conciles en France, et c'est à Clermont qu'il décida de rajouter dans ses canons le fameux appel à la croisade. Cependant, il est clair qu'aujourd'hui, affirmait que le Concile de Clermont prêchait la croisade serait faux. En effet, la croisade n'existait pas, et le mot lui-même n'est venu que tardivement. L'idée même est quelque chose de disons révolutionnaire. Prendre les armes contre les musulmans n'est pas une nouveauté pour autant. Il suffit de regarder alors en Espagne, où la Reconquista est déjà en marche. La vraie nouveauté, c'est de prendre les armes en Orient, pour délivrer la Terre Sainte, et surtout Jérusalem. En effet, Urbain II comprit rapidement que d'appeler les chevaliers à se battre pour l'Empire Byzantin et reprendre ses territoires, aurait eu très peu d'effet. En revanche, mettre en avant la Ville Sainte chrétienne par excellence attirerait beaucoup plus de monde. Ainsi, parler de Jérusalem et de la relique en danger permit à bon nombre de chevaliers de prendre leurs épées pour délivrer la "terre souillée".
À la même époque, il existe plusieurs prêcheurs qui parlent à la population proche, en mettant notamment en avant les reliques et leurs importances. Ainsi, à la suite même de cet appel, Urbain II reçu un grand nombre de réponses positives de personnes souhaitant partir en terre d'Orient. Mais plus encore, il n'y a pas seulement que les chevaliers qui prirent les armes, il y a également des barons, des prêtres, et même des paysans. Urbain II voulait du monde à son appel, mais jamais il aurait deviné qu'il aurait eut autant d'impact ! En effet, l'aide apporté pour la reconquête de l'Espagne était certes présente, mais très faible en comparaison de l'appel d'Urbain II.
Prenons l'exemple de moines de Vallombreuse. Certain voulait partir prendre les armes. À ce moment là, le pape Urbain II leur répond que là n'est pas leur rôle, qu'ils ont choisi de servir Dieu dans une militiaspirituel, alors que le pape a fait appel aux milites, aux guerriers.
Si ce n'est pas une croisade, comment est considéré alors ce mouvement ? La plupart des contemporains de cette époque considèrent cela comme un grand pèlerinage armé. C'est également un pèlerinage avec une récompense à la clé, car en effet, Urbain II déclare que tous ceux qui partiront les armes en main pour libérer Jérusalem se verront expier de tous leurs péchés. Évidemment, dans un monde occidental, où la priorité première est d'aller au Paradis, cette absolution offerte est une opportunité à saisir. Ceci explique sans doute, en plus de tous les autres éléments contextuels, cet énorme soulèvement des armes pour se rendre en Palestine.

Dès le printemps 1096, les premiers groupes de croisés se mettent en route avant même que les chefs désignés ou auto-désignés n'aient réuni leurs armées. On désigne souvent le terme de croisade populaire pour la 1ère croisade. En effet, il y avait beaucoup de gens faisant partie de la simple paysannerie, ou encore du clergé qui ont participés, armés ou non, à la croisade. Cependant, il faut nuancer, et montrer avant tout que la majorité des expéditions est remplie de chevaliers, et particulièrement de barons. Ainsi, on peut retrouver le terme de "croisade des barons" dans certains ouvrages.
Citons un personnage clé de cette première croisade : Pierre L'Ermite. Ce religieux, qui avait déjà effectué un pèlerinage à Jérusalem, va mener une longue campagne de recrutement en France avant de se diriger vers l'Allemagne et de partir en Terre Sainte, avec une petite armée. Après un long voyage semé d'embûches et de pièges, les troupes arrivèrent en territoire Turcs où ils se firent décimer. Les survivants parvinrent à fuir vers Constantinople. Cette expédition de Pierre l'Ermite montre ce qu'était la 1ère croisade à ces débuts : des expéditions peu préparées, dans un territoire totalement méconnu, face à de puissants musulmans, plus nombreux, connaissant bien le terrain et avec des stratégies adaptées.
Par la suite, quatre puissantes armées se préparèrent :
  • La première composée de Lorrains et d'Allemands, avec à sa tête Godefroy IV de Boulogne (ouGodefroy de Bouillon), avec son frère Baudouin et son cousin.
  • La seconde composée essentiellement de Français du Nord, avec Hugues de Vermandois, le frère du roi Philippe Ier. On retrouve également le duc de Normandie Robert Courteheuse, le duc de BretagneAlain IV Fergent et le comte Etienne de Blois.
  • Une troisième qui part du Midi avec à sa tête le comte de Toulouse Raymond IV.
  • Et la dernière, composée de Normand de Sicile avec Bohémond de Tarente.
Ces armées se retrouvèrent entre décembre 1096 et mai 1097 à Constantinople. Ils traversèrent le détroit du Bosphore, et font le siège de la ville de Nicée.  En mars 1098, Baudouin de Boulogne, en réponse à l'appel des Arméniens, prend Edesse, et fond le premier État latin d'Orient.
À ce moment là, nous pouvons voir que l'objectif de la guerre a changé. En effet, Alexis Ier Comnène, l'empereur Byzantin, n'avait demandé que de l'aide pour reconquérir des territoires, et se défendre face aux Turcs. Pourtant, de nouveaux états sont crées, non sous le contrôle des Byzantins, mais des états latins sous l'autorité du pape ! Outre ce nouvel objectif, Jérusalem restait une priorité. Les troupes continuèrent alors la marche vers le sud, en passant par Antioche, où ils firent le siège. Les récits racontent alors des événements parfois atroces, comme des actes de cannibalisme. Il faut cependant ne pas exagérer sur ces actes, qui restent mineurs, et il ne faut pas non plus transformer les croisés en des cannibales.
Après 7 mois de siège, Antioche est pris le 29 juin 1098. La ville aurait dû être rendue à Byzance, il n'en fut rien. Le chef normand, Bohémond, avide d'ambition, fut reconnu Prince d'Antioche. Par la suite, l'expédition se poursuivit à Ma'arat, qui sera complètement brûlé, avant d'atteindre la ville sainte de Jérusalem, le 7 juin 1099.
Élection de Godefroy de Bouillon au titre d'Avoué du Saint-Sépulcre. Manuscrit réalisé à Acre vers 1280.Pendant cinq semaines, une hécatombe va s'abattre dans la ville, dans chaque camp. La majeure partie de la population juive et musulmane fut massacrée. Il faut y voir ici la fureur des croisés qui sont arrivés à Jérusalem après une longue expédition, l'objectif suprême. Ils se donnent aux maximum, ne craignant pas la mort, portant sur eux tous les espoirs de l'Occident et se battant pour récupérer la ville aux mains des infidèles ! Dans beaucoup de sources, nous retrouvons alors le terme de purification. La ville de Jérusalem aurait été alors purifiée dans le feu et le sang. Le 15 juillet 1099, Jérusalem est pris, et la 1ère croisade se termine par une réussite pour les chrétiens d'Occident.
Peu de temps après, le 29 juillet 1099, Urbain II meurt en paix en ayant à l'esprit la victoire de cette première croisade. En Orient, Godefroy de Bouillon est proclamé roi de Jérusalem, mais celui-ci refuse, et prend le titre "D'avoué du Saint-Sépulcre" (image ci-contre). Son frère en revanche, celui qui avait déjà crée le titre d'Edesse, va prendre la couronne, et deviendra Baudouin Ier, roi de Jérusalem.
Si la 1ère croisade est terminée, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers ! En effet, il reste beaucoup de chose à faire, à commencer par conquérir les territoires autour de Jérusalem, et surtout il va falloir les défendre face à des musulmans revanchards et extrêmement furieux. Ainsi, l'objectif suivant des croisades est la défense de la Terre Sainte (in subsidium Terrae sanctae).
C'est aussi à cette époque que naît les ordres sacrés, dont les Templiers, .
À la fin de la Première Croisade, les chevaliers ayant réussi à reprendre Jérusalem des mains des Turcs prirent le chemin du retour. En effet, l'objectif étant de sauver Jérusalem, les chevaliers pouvaient alors retourner dans leurs familles ou s'occuper de leurs titres en ce qui concerne les comtes et ducs. De plus, les états latins d'Orient, composés du comté d'Edesse, de la principauté d'Antioche, du comté de Tripoli et de Jérusalem furent crées et se retrouvèrent unis autour de la couronne du nouveau Roi de Jérusalem.
Ce fut une nouvelle donnée dans la région. En effet, les territoires appartennaient de jure à l'Empire Byzantin dont, rappelons-le, le Basileus Alexis Ier Comnène avait fait appel à l'Occident afin de récupérer ces territoires. Le Basileus se retrouva bien malgré lui sans rien, s'étant fait en quelques sortes "arnaquer". Néanmoins, nous pouvons penser que dans son malheur, le Basileus devait apprécier ces nouveaux voisins, dans le sens où ils se présentaient comme des alliés et non pas une menace comme les Musulmans.
D'autre part, les musulmans chercheront davantage à se venger des croisés de cette prise de Jérusalem, qui, pour eux, est également une ville sainte de l'Islam. C'est pour cette raison que le royaume de Jérusalem fut créé, afin de défendre les nouvelles terres conquises. Godefroy de Bouillonrefusa le titre de roi. Son frère, en revanche, fut beaucoup plus intéressé. Ainsi, Baudouin, à l'origine de la création du comté d'Edesse, fut couronné le 25 décembre à Bethléem, ville et date symbolique. Ce roi sera très énergique et durant ses 18 années de règne, de nombreuses batailles et nouvelles conquêtes se feront (1101 : Arsouf et Césarée, 1103 : Acre, 1109 : Beyrouth).
Seulement, si politiquement, les succès s'enchainaient, il faut avouer que la réalité etait un peu plus mitigée. En effet, si la Première Croisade devait venir en aide aux pèlerins de Jérusalem et que la ville fut effectivement prise, les pèlerins en revanche étaient toujours persécutés, maltraités par la population musulmane et/ou des brigands sur la principale voie d'accès à la "cité céleste" (de Jaffa sur la côte en passant par la plaine de Ramleh). Par exemple, en 1119, un groupe de pèlerins subirent une attaque armée meurtrière qui fit couler beaucoup d'encre parmi les chroniqueurs.
D'autre part, le nombre de pèlerins en continuelle augmentation n'arrangea pas les problèmes de criminalités. Malgré la construction de deux monastères bénédictins pour le repos de ces derniers (Sainte-Marie-la-Latine et Sainte-Marie-Madeleine), la situation était vraiment précaire. Ceci poussa certains hommes à se révolter afin de changer cette situation intenables pour les pèlerins.
Ainsi, selon Guillaume de Tyr, chroniqueur du XIIème siècle, vers 1118-1119, un homme décida de créer une sorte "d'escorte armée" afin de protéger les hommes en pèlerinage vers la cité céleste de Jérusalem. Cet homme s'appellait Hugues de Payns. Ce grand seigneur d'origine champenoise avait accompagné à plusieurs reprises son suzerain, le comte Hugues de Champagne, en Terre sainte, avant de s'y fixer définitivement. Il fut accompagné de huit braves compagnons, dont Geoffroy de Saint-OmerAndré de Montbard et Archambaud de Saint-Amand. Ils eurent l'appui de Baudouin II, roi de Jérusalem depuis mars 1118 et de Gormond, le Patriarche de Jérusalem. Ces neuf hommes fondèrent alors un embryon de ce qui devint l'ordre des Templiers par la suite, n'étant pour l'instant qu'une simple milice armée, "militia Christi".
Baudouin II cédant une partie de son palais de Jérusalem à Hugues de Payns et Geoffroy de St-OmerCe groupe de neuf hommes semblait être le même, 9 ans après sa création, selon Guillaume de Tyr, mais, nous pouvons douter de ce fait. En effet, cette milice obtint un succès prestigieux. Dès 1120, lorsque le roi Baudouin II de Jérusalem fixa sa nouvel résidence dans la tour de David, il donna son ancienne résidence à ce nouvel ordre. Autre exemple, en 1120 toujours, lorsque Foulques, le comte d'Anjou se rendit en pèlerinage, il fut hébergé chez les Templiers, et à son départ, leur donna une somme d'argent assez importante. Ainsi, l'ordre prit peu à peu de l'ampleur, et gagna du prestige.
Cependant, le problème de sécurité en Terre sainte ne fut pas résolu, à cause du manque d'effectifs face aux armées musulmanes.


Après avoir reçu la permission du roi de Jérusalem, Hugues de Paynsdécida de rentrer en Europe, afin de recruter de nouveaux membres. Il partit avec 5 compagnons : Geoffroy de Saint-OmerArchambaud de Saint-AmandPayen de MontdidierGeoffroy Bisol et un certainRoland. Outre cet aspect de recrutement massif à la défense des nouveaux États Latins, Hugues de Payns souhaitait également venir confirmer l'ordre devant l'Eglise.
Mais, cet ordre laisse à débattre. Comment un ordre religieux, monastique qui plus est, put également prendre les armes ? De plus, nous l'avons vu,Urbain II avait déjà refusé à des moines de prendre les armes pour la croisade. Pourquoi cet ordre serait-il exempt ? De plus, la société médiévale est une organisation tripartite défini par Adalbéron, l'évêque de Laon dans les années 1030 :
« Chacun dans le monde occupe une place voulue par Dieu ; chacun est ordonné en vue d'une des trois fonctions que l'homme peut remplir dans la société : prier, combattre, travailler ». 
Toujours est-il que le groupe de six hommes arrivèra à Troyes, où eut lieu un concile le 13 janvier 1129. De nombreuses personnalités furent présentes : le cardinal Mathieu d'Albano (légat du pape), deux archevêques (Reims et Sens), huit abbés dont ceux de Cîteaux, Harding, Vézelay, Molesmes, Pontigny et Clairvaux, qui était en réalité le fameuxSaint Bernard. Du coté des laïcs, le comte Thibaud II de Champagne etGuillaume II, comte de Nevers furent présents également.
Durant ce concile, outre les canons religieux posés de l'époque, il fut question de fournir à l'ordre du Temple une règle qui respecterait le droit monastique et celui des combattants. La Règle comportait à l'origine soixante-douze articles, dont les huit premiers consacrés aux devoirs religieux. Ainsi, les Templiers devront, comme pour les moines, prononcer des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Ces "chevaliers du Christ" reçurent également la permission de porter le manteau blanc, symbole de la chasteté, couleur de l'innocence et de la pureté mais aussi et surtout la réconciliation avec Dieu.
« À tous les frères chevaliers, nous permettons de porter le blanc manteau en hiver comme en été. Personne d'autre, s'il n'est chevalier du Christ, ne peut porter le blanc manteau. Mais ce manteau doit être sans ornement superflu et arboré sans orgueil. Qu'aucun frère n'y ajoute de fourrure ni de pelisse. Que les yeux des envieux ne soient attirés par quelque fantaisie sur ces habits qui ne doivent être ni trop longs ni trop courts. » (Règle primitive, article 27-29)
Cette Régle fut soumise, pour approbation, au patriarche de Jérusalem Étienne de Chartres. Elle fut publiée en latin vers 1130, puis traduite en français 10 ans plus tard et complétée ensuite par d'importantes bulles papales, comme celles prononcées par Innocent II le 29 mars 1139 (Omne datum optimum) et le 7 avril 1145 (Militia Dei). Plus tard, les Retraits consignés par écrit en 1165, préciseront tous les usages en vigueur au Temple.
Est-ce que ce groupe de six hommes a-t'il rencontré le Pape Honorius II lors de ce retour en Europe ? Sans doute, mais rien n'est bien sûr. Toujours est-il que le concile de Troyes marqua une étape décisive dans l'ordre du Temple, affirmant alors la fameuse Règle des Templiers. Désormais, l'ordre des Templiers était reconnu. Hugues de Payns continua ensuite sa tournée en Europe, afin de recruter un maximum de recrues pour venir défendre les pèlerins, et défendre les Etats latins d'Orient. Ce projet etait appuyé parSaint Bernard, qui défendait et propageait les idées de cet ordre, donnant une image quasi-légendaire à ce groupe d'hommes moine-soldats.
Hugues de Payns, et ses compagnons, partirent le lendemain du concile de Troyes pour un long voyage autour de l'Europe, dans le but de renforcer au mieux le nouvel ordre. En effet, la situation en Orient face à de puissants musulmans, se préparant à une future vengeance, demandait aux Templiers d'être aussi puissants que leurs ennemis. Ils ont besoin alors d'hommes, chevaliers de préférence, mais ils n'interdirent personne à les rejoindre, même s'il n'avait pas d'expérience. De plus, les Templiers avaient besoin de richesse, pour répondre à différents besoins, qu'il soit d'ordre militaire (armes, chevaux...) ou d'ordre pratique (vivres). Comment partir autour de l'Europe afin de réclamer autour de soi des aides matériels ou humaines ? Il faut dire que les Templiers reçurent une aide bien précieuse, celle de Saint Bernard.
Bernard de Clairvaux, manuscrit du xiiie siècleSaint Bernard, abbé de Clairvaux à l'origine, était reconnu dans tout l'Occident chrétien. Il est le principal directeur du mouvement des Cisterciens. Durant toute sa vie, Saint Bernard s'est battu pour construire de nombreux monastères, et pour rallier la papauté à sa cause. Il joue également un grand rôle dans la réforme grégorienne, grand mouvement dans l'Église à partir de la fin du Xème - début XIème siècle.Saint Bernard écrivit un célèbre texte (De Laudae novae militae, Eloge de la nouvelle chevalerie) qui permit à l'ordre du Temple d'être reconnu, et surtout compris par la majorité de la population. Entre outre, il conclut par :
« J'hésite à les appeler moines ou chevaliers. Comment mieux les désigner qu'en donnant ces deux noms à la fois à ceux qui ne manque ni de la douceur du moine ni le courage du chevalier. »
Hugues de Payns suivit le parcours suivant : de la Champagne où présidait le concile de Troyes, il gagna l'Anjou et le Maine. Puis, il prit la direction du Poitou et de la Normandie. De là, il put prendre la mer, afin d'arriver en Angleterre et en Écosse. À la fin de son parcours, il fit demi-tour, en se dirigeant en Flandres où il rejoignit son compagnon Geoffroy de Saint-OmerHugues Rigaud, une nouvelle recrue, recruta dans les régions du Sud de la France (Languedoc, Roussillon). Ces dernières étaient très enthousiastes à la vocation des moines-soldats.
D'autres rejoignirent la péninsule ibérique (l'actuel Espagne) qui, à ce moment là, était en pleineReconquista. En 1131, Alphonse Ier dit le Batailleur, roi d'Aragon et de Navarre, n'ayant pas d'héritier direct, donna de par son testament ses terres aux trois ordres religieux de la Terre sainte (Temple, Hôpital et Saint-Sépulcre de Jérusalem). Cependant, cette donation est refusée par les trois ordres, ne pouvant accepter un tel cadeau.
À ce niveau-là, les Templiers furent gâtés. Tous le monde voulait aider le nouvel ordre. Certains donnèrent leur cheval, d'autre leurs vignes, celui-ci son armure... Les plus riches donnèrent leurs domaines, les plus pauvres apportèrent une mesure de froment, une barrique de vin etc... Certains même, ne pouvant donner de biens, se donnèrent, corps et âme, à l'ordre. C'était devenu alors un honneur de faire parti de ces hommes défendant les reliques du Christ en Terre sainte. Plus encore, rejoindre l'ordre du Temple pouvait assurer une certaine sécurité et du prestige. Ainsi, de nombreuses personnes voulurent rejoindre l'ordre aux portes de la mort afin d'être enterré dans le cimetière d'une commanderie templière ! Une sorte de sésame pour les portes du Paradis, devant le tribunal du jugement dernier...
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y avait aucun secret autour du rituel d'entrée dans l'ordre du Templier. En effet, la légende a toujours voulu exagérer, et accuser les Templiers sur de nombreux points, que l'image aujourd'hui en est faussée. Tout est écrit parfaitement dans la règle. Cette cérémonie n'avait rien d'étrange, et était très proche du rite de vassalité entre le vassal et le suzerain. Enfin, beaucoup de précautions étaient prises pour s'assurer de la volonté même des nouvelles recrues. Personne n'est forcé d'entrer dans l'ordre.
Le futur moine-soldat devait se rendre devant le chapitre (l'assemblée de tous les frères) d'une commanderie templière. Avec lui se tenait le commandeur de maison, qui présidait toute la séance.   Tout d'abord, la nouvelle recrue était tenue à l'écart par deux « prud'hommes », généralement les plus anciens de la communauté. Ces derniers étaient chargés d'exposer à la fois les contraintes d'un tel engagement, mais aussi de le questionner sur sa vie et les raisons de son engagement. À la fin de cette entrevue, les deux hommes rendaient compte au chapitre. À ce moment là, si l'assemblée n'y voyait rien à redire, le candidat pouvait entrer.
Agenouillé devant le commandeur, les mains jointes, il devait formuler oralement :
« Sire, je suis venu devant Dieu et devant vous et devant les frères et je vous prie, par Dieu et Notre-Dame, de m'accueillir dans votre maison afin que je devienne à tout jamais serf et esclave de votre maison. »
Le commandeur alors lui répondait, avec une mise en garde, avant de reposer la question confirmant l'engagement. Après ce sermon, le candidat devait à nouveau réfléchir, tandis que le chapitre statuait sur son cas. Si l'avis était positif, le futur frère revenait, et reproduisait les mêmes gestes et paroles lors de sa première entrée. On lui mettait dans les mains les livres des Évangiles, et le commandeur lui posait les ultimes questions :
« Promettez-vous de toujours obéir au maître du Temple et à tout commandeur ? Promettez-vous de vivre chastement ? De ne jamais embrasser une femme, fut-elle votre mère ou votre sœur ou une parente ? Promettez-vous de ne rien posséder ? Promettez-vous de toujours aider à défendre la terre sainte de Jérusalem ? De ne jamais frapper un chrétien ? Avez-vous prononcé des vœux dans un autre ordre ? Avez-vous des dettes ? Avez-vous fait des dons à des frères du Temple pour qu'ils vous acceptent parmi eux ? Avez-vous été frappé d'excommunication ? Beau frère, de toutes ces demandes que nous avons faites, faites bien attention de nous avoir dit la vérité, car si vous nous aviez menti vous pourriez perdre la maison, ce dont Dieu vous garde. »
Après les réponses du postulant, le commandeur fit une dernière déclaration qui acceptait solennellement le nouveau frère :
« De par Dieu et de par Notre-Dame, de par Saint Pierre, de par notre père le pape, et de par tous les frères du Temple, nous vous accueillons dans notre Maison. Vous n'aurez en échange que du pain et de l'eau, la pauvre robe des frères et beaucoup de peine et de labeur. »
Le commandeur prenait le blanc manteau à la croix vermeille, le posait sur les épaules du chevalier, pendant que le chapelain le psaume Ecce quam bonum. Ultime phase de la cérémonie, le baiser fraternel donné par le commandeur sur la bouche. Ce geste n'avait rien de choquant, car c'est une pratique très fréquente durant la période du Haut Moyen-âge.


Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le maître de l'ordre Templier avait en réalité très peu de pouvoirs. Même s'il se situait au sommet de la pyramide hiérarchique, il ne possédait en réalité qu'un pouvoir très limité. C'est en effet très logique, l'ordre ne souhaitait pas à avoir à sa tête un homme au pouvoir personnel, aussi puissant qu'un roi. L'ordre était un ordre avant tout monastique, mais par sa nature militaire, cela pouvait être dangereux. Ainsi, dans la Règle du Temple, on voit le rôle du maître défini très simplement, avec un titre, important certes, mais plutôt honorifique.
Pour limiter ce pouvoir, c'était très simple. Toutes les décisions les plus importantes (nommer les dignitaires de l'ordre, acheter ou vendre des terres, déclarer la guerre ou la paix) devait se faire uniquement en présence de ses frères, et seulement après avoir obtenu leur accord. Ainsi, son rôle se limitait à un rôle représentatif, lors des visites officielles, ou encore lors de déclarations importantes, comme le départ en guerre.
L'élection d'un maître du Temple est une chose assez compliquée. En effet, la Règle du Temple reste assez floue, dans une vingtaine d'articles. Le principal problème est que l'élection pouvait varier très facilement d'un temps à l'autre, et la présence du chapitre exceptionnel changeait selon les disponibilités de chacun. Cela explique ainsi pourquoi les Occidentaux sont peu représentés, étant trop loin de Jérusalem.
Pourtant, ce chapitre n'avait pas un rôle décisif dans l'élection. Elle devait essentiellement nommer parmi les frères présents un « commandeur de l'élection ». Ce commandeur est défini selon la Règle comme étant «Un homme sage qui soit connu de toutes les provinces et de tous les frères, qui aime la paix et la concorde de la maison et qui ne suscite pas de division. »
Ensuite, ce même homme devait choisir un second compagnon, qui eux-mêmes en choisissaient deux autres, qui après en choisissaient quatre, etc.. jusqu'à obtenir le nombre de douze, en référence aux douze apôtres. Parmi ses douze hommes, nous y retrouvons huit chevaliers nobles et quatre sergents non nobles qui venaient tous de provinces. Les douze nommaient enfin un treizième, le chapelain qui est à l'image du Christ pour maintenir la cohésion du groupe. Ce collège de treize hommes décidait dans le plus grand secret le nouveau maître du Temple. Le commandeur de l'élection proclame lui-même le résultat : « Beaux Seigneurs frères, rendez grâce à Dieu, voici quel est notre maître »
Le nouveau maitre portait alors deux éléments : le bâton et la verge. Le bâton était là pour soutenir les faibles, la verge pour punir ceux qui fuirait le chemin à suivre.
Les maîtres de l'ordre
Date de commandement
Hugues de Payns
1118-1136
Robert de Craon
1136-1149
Evrard des Barres
1149-1152
Bernard de Trémelay
1152-1153
André de Montbard
1153-1156
Bertrand de Blanquefort
1156-1169
Philippe de Naplouse
1169-1171
Eudes de Saint-Amand
1171-1179
Arnaud de la Tour Rouge
1180-1184
Gérard de Ridefort
1185-1189
Robert de Sablé
1191-1193
Gilbert Erail
1194-1200
Philippe du Plessis
1201-1209
Guillaume de Chartres
1210-1219
Pierre de Montaigu
1219-1232
Armand de Périgord
1232-1244
Richard de Bures
1244-1247
Guillaume de Sonnac
1247-1250
Renaud de Vichiers
1250-1256
Thomas Bérard
1256-1273
Guillaume de Beaujeu
1273-1291
Thibaut Gaudin
1291-1293
Jacques de Molay
1293-1314


Après le maître du Temple, le second personnage le plus important est le sénéchal. Le sénéchal est celui qui remplace le maitre lors de ses absences. Il possède deux articles dans la Règle (99-100).De plus, il avait l'autorisation d'utiliser un sceau identique à celui du maître pour remplir les papiers officiels et autres missives lors de l'absence de ce dernier.
Le maréchal est responsable de l'équipement militaire, des armes, des chevaux et de la discipline. Il jouait également un rôle très important  lors des combats que nous étudierons dans une future chronique. Il représentait l'autorité militaire suprême au sein de l'ordre. Neuf articles lui sont consacrés (101-109). Lorsque le maître du Temple mourrait, c'était à lui de se charger de prévenir toutes les commanderies et d'organiser la venue d'un chapitre exceptionnel.
Le commandeur du Royaume de Jérusalem était le trésorier de l'ordre. Il devait donc gérer les transactions financières entre l'Orient et l'Occident. « Tous les avoirs de la maison, de quelque endroit qu'ils proviennent, d'en deçà des mers ou d'au-delà des mers doivent être rendues et baillés entre ses mains et il doit les mettre au trésor ».  Il récupérait également tous les butins de guerre, et devait gérer la répartition des hommes entre les différentes maisons et forteresses de la Terre Sainte. Une dizaine d'articles lui sont consacrés (110-119). A ses cotés se trouvait le drapier de l'Ordre,  qui s'occupait de toutes les ressources en literies. Il s'occupait également des tentes militaires lors des campagnes.
Le commandeur de la cité avait un rôle important, car répondait à un objectif premier de la création de l'ordre : protéger les pèlerins.  C'était également lui qui possédait l'immense privilège d'escorter la Vraie Croix, la relique sacré où le Christ fut crucifié, et de veiller sur elle, jour et nuit, lors des différentes campagnes. Cinq articles traitent de ce rôle (120-124).
Les commandeurs des provinces, ou le commandeur des commanderies avaient un rôle similaire, qui était la charge d'une commanderie, en Europe, comme en province, en Orient. Ces derniers avaient un rôle de précepteur, dirigeant ainsi la maison où vivaient les frères entre eux. De plus, ils avaient la charge de l'entretien et des réparations. Certains reçoivent des missions particulières, d'inspection la plupart du temps, que l'on surnomme « visiteurs ». L'article 125 à 137 décrit leur rôle dans la Règle.
Tableau des possessions de chaque rang dans l'ordre :
Statut dans l'ordre
Possessions et hommes à leur service
Maître
  • 4 montures dont un destrier de guerre
  • 1 frère-chapelain
  • 1 clerc avec 3 chevaux
  • 1 sergent avec 2 chevaux
  • 1 valet avec 1 cheval
  • 1 maréchal-ferrant
  • 1 écrivain sarrasin
  • 1 turcopole
  • 1 cuisiner
  • 2 palefreniers
Sénéchal
  • 4 chevaux dont un palefroi
  • 2 écuyers
  • 1 chevalier avec 3 chevaux
  • 1 sergent avec 2 chevaux
  • 1 diacre-écrivain
  • 1 turcopole
  • 1 écrivain sarrasin monté
  • 2 palefreniers
Maréchal
  • 4 chevaux dont un destrier de guerre
  • 2 écuyers
  • 1 sergent monté
  • 1 turcopole monté
Commandeur du Royaume
  • 4 chevaux dont un palefroi
  • 2 écuyers
  • 1 sergent à 2 montures
  • 1 diacre lettré, 1 turcopole monté
  • 1 écrivain
  • 2 palefreniers
Commandeur de la cité
  • 4 montures dont un destrier de guerre
  • 2 écuyers
  • 1 sergent avec 2 chevaux
  • 1 écrivain sarrasin avec 1 cheval
  • 1 turcopole monté
Commandeur des provinces
  • 4 montures dont 1 palefroi
  • 1 chevalier
  • 1 sergent avec 2 montures
  • 1 diacre monté
  • 1 turcopole monté
  • 1 écrivain sarrasin monté
  • 1 palefrenier
Commandeur des commanderies
  • 4 montures
  • 2 écuyers
Chevalier et sergent
  • 3 à 4 montures
  • 1 à 2 écuyers
Total
  • 601 chevaux dont 3 montures de guerre et 3 palefrois
  • 1 chapelain
  • 1 clerc
  • 6 sergents
  • 1 valet
  • 1 maréchal ferrant
  • 4 écrivains sarrasins
  • 62 turcopoles
  • 1 cuisinier
  • 7 palefreniers
  • 12 écuyers
  • 2 chevaliers
  • 3  diacres
1 Ce sont des approximations, pour chaque statut à l’unité.
2 Cavaliers archers montés sur des chevaux arabes, habillé à la turque
Comme nous pouvons le constater, l'ordre possédait une richesse assez forte pour se permettre d'offrir à chaque nouvelle recrue ce genre d'offre. Certes, chaque rang doit posséder ses « outils », mais il faut tout de même avouer que c'était des dons généreux. 3 à 4 chevaux pour chaque nouveau chevalier dans l'ordre, nous imaginons rapidement la multiplication des écuries dans les domaines templiers. Toutefois, ne prenons ces chiffres que pour des approximations, où il est important de nuancer selon les époques et les événements.
Maintenant que nous connaissons mieux l'organisation de l'ordre, et le fonctionnement de chaque personnalité, nous pouvons partir en guerre. Rassurons nos amis lecteurs, qui ne devront pas prendre les armes à la prochaine chronique, nous étudierons juste le fonctionnement de l'armée, le rôle des chevaliers lors des guerres et des différentes batailles. 
Au départ, l'ordre fut créé dans le but de protéger avant tout les pèlerins qui souhaitaient se recueillir sur les reliques du Christ. Ainsi, les soldats de cette militae christi se chargeait surtout de vandales et autres brigands. Cependant, la politique changeante en Orient obligea les templiers, mais pas seulement (Hospitaliers, Saint-Jean d'Acre etc..), à intervenir directement dans des conflits beaucoup plus grand, à participer à des batailles qui déterminaient l'avenir du Royaume de Jérusalem. À la différence des armées venues d'Occident, l'armée des Templiers furent très efficaces, étant donné qu'ils s'entraînaient directement en Orient. Habitués au terrain et aux tactiques ennemies, les Templiers furent une véritable menace pour les armées musulmanes. De plus, ces chevaliers étaient inébranlables, prêts à se sacrifier pour défendre les reliques de Dieu. Dès lors, il est impossible de repousser une telle armée par un effet de terreur. La mort ou la victoire.
Dans la Règle de l'ordre, une longue partie est consacrée à la vie militaire et les actions autorisés à faire sur les routes lors des déplacements en terrain hostiles. La Règle n'était cependant pas si dure envers ses chevaliers. En effet, elle préconisait avant tout la sûreté et le bien-être des Templiers. Par exemple, elle déconseillait d'aller contre le vent, au risque d'avoir du sable qui les gênerait et les déstabiliserait. Autre point important, la Règle interdisait les frères à se séparer, même pour un acte anodin comme abreuver sa monture. Le groupe devait être toujours ensemble, afin d'éviter de possibles embuscades, et surtout, garder ce lien de groupe si cher au Templiers.
Bataille de Damiette, XIIIème siècleLorsque les frères devaient s'arrêter la nuit, pour camper, nous retrouvions un schéma classique : une tente ronde qui servait de chapelle, très importante afin que les Templiers puissent prier, puis se trouvait à coté les tentes pour les chefs et le chapelain. Une tente, également ronde accueillait les provisions et le matériel. Pour les plus simples soldats, ils campaient dans des tentes plus sommaires appelés grebeleures (ou gribeloires). Un ordre précis devait être respecté, en ligne. Les écuyers devait se charger du fourrage, de l'eau et du bois, mais tout en restant « à portée de cri » afin de pouvoir revenir rapidement en cas d'appel. Après quoi, la vie au camp se déroulait comme la vie dans une commanderie, respectant la hiérarchie et les différents rituels. La nuit, des sentinelles montaient la garde, toujours à l'affût en cas d'attaque.
Les musulmans, assoiffés de revanche depuis la 1ère croisade, n'ont cessé d'attaquer régulièrement le Royaume et les pèlerins. Si au début, il ne s'agissait que des raids à petit groupe, peu à peu, la situation changea et de véritables armées attaquèrent. Les Templiers, experts du terrain et des armes, furent alors une élite d'armée professionnelle qui en plus de défendre la Terre Sainte, étaient des entraîneurs très pédagogiques ! Ceci dit, ils n'étaient pas les seuls à avoir ce rôle, puisque une certaine « concurrence » existait avec les Hospitaliers, avec qui les relations ne furent pas toujours excellentes.
Au début, les tactiques utilisées étaient celles qu'on avait l'habitude d'employer en Europe, c'est-à-dire les chevaliers regroupés en lance, bannière ou bataille, sur leurs destriers chargeait successivement, par vagues. Cette tactique fonctionne en Europe, sur des terrains plats pour des énormes champs de batailles. De plus, la présence d'eaux est indispensable pour abreuver les nombreuses montures régulièrement lourdement équipés. Cependant, au Moyen-Orient, c'est tout à fait l'inverse. Les terrains sont accidentés, l'eau se fait très rare, ce qui fait que les cavaliers s'épuisèrent très vite, tout comme les destriers. La Règle met en avant l'attention que les chevaliers doivent porter à leur monture. En effet, les chevaux assez puissants et forts pour supporter le matériel étaient introuvables en Orient, et ces derniers étaient alors amenés par navire depuis l'Europe. Même si l'ordre n'avait pas de problème d'argents, cela revenait très cher.
En face, les Musulmans avaient comme tactique d'attaquer avec des petits chevaux légers, où leurs cavaliers étaient munis d'arcs  qui harcelaient l'adversaire de flèches. L'ordre prit en compte leur stratégie pour y créer leur propre infanterie légère. Des soldats légers munis d'arcs et d'arbalètes voire même de piques avaient pour but de protéger les cavaliers, qui apparaissait après pour mener l'attaque décisive. À coté de ça, il fut crée les turcopoles, des cavaliers montant des chevaux arabes également armés d'arc afin de mener des combats à la tactique proche de l'armée musulmanes.
Avant de se lancer dans la bataille, les soldats devaient se préparer à combattre. Les chevaliers avec l'aide de leurs écuyers préparaient leur heaume, prenaient leur grand bouclier et leur lance. Lorsqu'il était présent, le maréchal avait le privilège de porter le gonfanon bauceant (ou baussant). C'est un étendard de guerre réservé à l'ordre des Templiers. Ce dernier était « d'argent au chef de sable » c'est-à-dire noir, couleur de la force, et blanc, couleur de la pureté. A partir de 1145, suite au concile, la croix rouge fit son apparition au dessus du tout (image ci-contre).
Autour du maréchal, dix frères l'entourèrent pour protéger ce précieux étendard. En effet, lors des batailles, le gonfanon était le seul point de repère, le signe de ralliement. Celui qui le portait ne devait jamais le baisser ou le perdre, au risque de sévères sanctions : le frère en question pouvait perdre l'habit, c'est-à-dire être exclu de l'ordre, voire même mis aux fers. La Règle est clair : « si le gonfanon se baisse, ceux qui sont au loin ne savent pas pourquoi il s'abaisse, si c'est volontaire ou non. Et les hommes qui ne voient plus le gonfanon sont désemparés ce qui peut entraîner une grande déconfiture. » C'est pourquoi, un homme de secours est toujours prévu pour porter le gonfanon, au cas où il arriverait un accident au premier.
Lors des batailles, les Templiers se battaient jusqu'à la victoire ou la mort. Ils leur étaient interdis d'abandonner, sinon ils étaient exclus de l'ordre. La Règle est strict à ce sujet, et même blessé, le chevalier doit toujours combattre à une exception : sauver un chrétien. D'autre part, si un Templier se faisait prendre, et capturer par les musulmans, il ne devait pas espérer être sauvé par une rançon. En aucun cas l'ordre ne paya de rançon pour sauver des hommes, qu'il considérait perdu sur le champ de bataille, mais victorieux dans la foi, car ces derniers mourraient pour Dieu, et par ce biais, aller au Paradis. Grâce à cette seconde armure de foi, les Templiers semblaient invincibles. Les musulmans tentèrent parfois de reconvertir les prisonniers, ce qui serait une insulte suprême envers l'ordre, mais pour une grande majorité, les Templiers gardèrent la foi jusqu'au bout.
Le Krak des chevaliers est la plus célèbre forteresse qu'on retrouve au Moyen-Orient. Aujourd'hui encore, elle siège fièrement en Syrie actuel. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'était pas les Templiers qui y siégeaient mais des Hospitaliers ! Le Krak des chevaliers représente le rêve des occidentaux qui projetaient mettre la main sur l'Orient et de mettre la main sur ces terres lointaines, berceau de la chrétienté. Un rêve, qui n'était qu'un miracle et qui disparut comme un mirage. Accroché au flanc d'une montagne, aux pentes raides, le Krak des chevaliers contrôlait la trouée d'Homs, qui est un passage stratégique entre la méditerranée et la vallée de l'Oronte.
Auparavant existait déjà une forteresse musulmane qui fut prise en 1099 durant la première croisade par Raymond de Saint-Gilles, le futur comte de Tripoli. Le nouveau maître des lieux entreprit de renforcer la place avant de la céder aux Hospitaliers en 1142. Après plusieurs mois de constructions au milieu du XIIème siècle, ils réalisèrent l'ensemble merveilleux toujours observable aujourd'hui et reconnu par le patrimoine mondiale de l'UNESCO comme chef-d'œuvre d'architecture médiévale.
Krak des chevaliers (reconstitution), par Guillaume Rey : Étude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'île de Chypre (1871).La partie centrale, la plus élevé épouse la forme du terrain, et constitue une masse dominé au sud, par deux puissantes tours en fer à cheval. Plus bas, la courtine extérieure, renforcée de tours circulaires s'étire sur environ 66 mètres de longueur, et sur une surface de plus de 2 hectares ! Tout avait était prévu pour tenir face à un long siège : un moulin à vent, des énormes jarres, un puits, des citernes etc… Réputé comme imprenable, le Krak des chevaliers tomba pourtant aux mains du sultan Baybars en 1271.
Ainsi, nous avons vu aujourd'hui comment se déroulait rapidement l'organisation de l'ordre lors des batailles et des guerres. Nous avons vu également le rôle important du gonfanon baussant, et l'exemple le plus célèbre des forteresses : le Krak des chevaliers. Cependant, ne pensons pas que la vie des chevaliers se contentait à la guerre ! Ces moines-soldats étaient aussi des moines qui vivaient dans une commanderie, proche des monastères d'occident. C'est une image peu connu des Templiers, qui étaient aussi des saints hommes 
Les Templiers en temps de paix suivent une vie pieuse, où les heures de la journée sont encadrées par les prières. Chaque frère savait exactement à quel moment se réunir tous ensemble grâce à la cloche qui sonnait régulièrement, invitant à la prière.  Les premières prières commençaient très tôt, deux heures avant l'aube. Cela obligeait les moines alors à se lever au milieu de la nuit pour prier. Exception faite pour ceux qui ont travaillé le jour, ou ceux qui sont malades, ceux-là peuvent rester coucher. Chaque frère devait se réunir, muni de leur manteau et chaussure à la chapelle pour prier les mâtines.
Après avoir récité débout treize patenôtres de Notre-Dame (treize pour rappeler les 12 apôtres et le Christ), et treize autres prières pour le saint du jour, les Templiers pouvaient ensuite regagner leur lit. Si certains se rendormaient, le temps de sommeil fut bien court car la cloche sonnait peu de temps après pour une nouvelle séance de prière, à l'heure de prime, l'office qui correspond à la première heure du jour.
Après la messe, le reste de la journée était divisée en « petites heures », avec des temps de prières plus courtes afin d'éviter de trop déranger les activités de tous. On retrouve les tierces, les sextes, les nones etc.  Les frères devaient se tenir « humblement et honnêtement » comme le rappelait la Règle.
Les vêpres marquaient la fin de l'après-midi, et le début de la soirée. Tous le monde devait se réunir pour cette importante prière. Cependant, la Règle prévoyait déjà des exceptions. Les frères qui pouvaient se permettre d'être absent étaient « le frère du four, s'il a les mains dans la pâte, le frère-forgeron s'il a du fer rougi au feu et le frère maréchal-ferrant s'il est train de ferrer le pied d'un cheval ». En somme, les frères qui étaient en train d'exercer une activité, afin d'éviter que ces derniers abandonnent leurs activités, et qu'il y a de la perte. En effet, s'ils arrêtaient, l'ordre perdait du pain, ou du métal qui deviendrait alors inutilisable.
Le repas terminé, les frères se rendaient une dernière fois à la chapelle. L'office terminée, chacun devait à présent garder le silence jusqu'au lendemain matin. Les Templiers retournaient dans leur cellule dormir jusqu'au matin, afin de recommencer un nouveau cycle de prière.
Lorsque l'heure du repas sonnait, tous les Templiers se retrouvèrent ensemble à la même table, qui était recouverte généralement d'une nappe blanche. Au centre se trouvait le commandeur, avec à ses cotés le chapelain. Avant de manger, tous devaient réciter le bénédicité, prière commune que la majorité de la population fit.
Durant le repas, un des frères était chargé de lire les pages de la Bible. La Règle déconseillait alors de parler mais ne l'interdisait pas.  Il était en revanche interdit que quitter la table sans ordre, sauf en cas de saignement de nez, d'incendie ou d'alerte. Une légende raconte que les Templiers mangèrent dans une écuelle pour deux. Il faut y voir ici avant une image du partage plutôt que la réalité historique. En effet, les archives démontrent que les Templiers étaient priés d'avoir sa propre écuelle.
Ces moines-chevaliers passaient beaucoup de temps à la prière, qui leur permettait de soigner leur corps spirituelle, leur âme. Cependant, ils étaient aussi chevalier, et devaient se tenir en grande forme lors des batailles. Ainsi, les repas étaient bien plus riches que les repas traditionnels dans les monastères. La viande était servie trois fois par semaine. Ils recevaient également deux plats différents le dimanche, en l'honneur de la résurrection du Christ (seulement pour les chevaliers et les chapelains. Écuyers et sergents devaient se contenter d'un plat !). La viande était également servie lors des fêtes religieuses telles que Noël, la Toussaint etc. Les autres jours, les frères avaient le choix entre deux et trois plats de soupe ou de légumes.
En ce qui concerne les breuvages, la boisson la plus courante était le vin, partagé équitablement entre tous. Il ne faut pas être surpris car, le vin était la boisson que tout le monde buvait à table. En effet, l'eau, à l'époque, n'était pas pure, et contenait beaucoup de maladie. Le vin était ainsi moins dangereux, à condition de ne pas en abuser ! Même si le vin de l'époque est un vin moins alcoolisé, l'abus de ce dernier peut rendre ivre. Le vendredi, jour de la mort du Christ, les Templiers devait se contenter de poisson ou de volaille. Les jours de jeûne étaient moins sévères que dans les autres ordres, pour la simple et bonne raison qu'il ne fallait pas affaiblir l'armée ! C'est pourquoi lors des jours de jeûnes, les frères devaient tous se contenter d'un repas au lieu de deux.
Les Templiers ne pouvaient quitter la table que lorsque le commandeur ou le chapelain l'autorisait. Ainsi, après avoir rendu grâce à Dieu, chacun retournait à ses occupations. Les restes n'étaient pas jetés, mais redistribués aux pauvres. Les Templiers étaient un ordre riche, mais ne gaspiller pas pour autant leur argent.
En ce qui concerne les interdictions, la Règle se montre assez clair : « il ne convient pas à des religieux de se procurer des plaisirs ». Ils devaient s'habiller simplement, sans transparaître l'orgueil ou la luxure. Les chevaliers ne participaient à aucun tournoi, ni jouer à des jeux d'échecs, ou de dés. La chasse était également interdite à une exception faite : la chasse au lion, présent à l'époque dans le Moyen-Orient, réputé comme un animal dangereux qui peut s'en prendre aux pèlerins. Ainsi, en chassant le lion, ils protégeaient les pèlerins, et respectaient leur but.
En ce qui concerne les femmes, la Règle est encore une fois claire : « La compagnie des femmes est chose dangereuse. Nombreux sont ceux que, par la fréquentation des femmes, le diable a rejeté du droit sentier du paradis. Qu'aucun d'entre vous ne s'égare à embrasser une femme, une veuve, une pucelle, ni sa mère, ni sa sœur, ni sa tante, ni une autre femme ! ». Cette interdiction était la même qu'avait les moines classiques, afin de garder l'esprit pur et pieux. Cependant, nous pouvons douter que certains Templiers se laissèrent séduire par l'attirance des femmes. Si certains étaient très pieux, les plus jeunes devaient l'être un peu moins...
Nous avons donc vu comment fonctionner en partie la vie religieuse en temps de paix chez les Templiers. Nous avons vu en quelque sorte l'agenda des prières, qui encadrait la journée, puis nous avons vu en quoi consistait les repas, ainsi que les interdictions. Cependant, tous les Templiers n'étaient pas de saint homme, respectant toujours à la lettre la Règle.
Dans les maisons de l'ordre de quelques importances, c'est-à-dire les maisons ayant plus de quatre frères, le commandeur réunissait le chapitre tous les dimanches. Ce conseil n'avait pas pour but premier de juger, ni de sanctionner, mais servait avant tout à examiner les problèmes et les demandes des autres frères. Cependant, ce conseil pouvait se transformer rapidement en conseil de discipline si besoin était. Les frères, à leur entrée dans le chapitre devaient d'abord réciter une patenôtre avant de s'asseoir. Cette réunion restait secrète et se tenait à huit clos. En effet, la Règle spécifiait elle-même que toutes les histoires et autres rumeurs devaient rester secrètes au sein même de l'ordre, et ne doivent jamais parvenir à des oreilles non-Templières...
Le commandeur faisait un court sermon avant de demander à ceux qui avait péchés de s'avancer. Si un frère souhaitait avouer sa faute, il devait s'avancer, tout en se tenant humblement, et commençait son récit ainsi : « Beau sire, je demande pardon à Dieu et à Notre-Dame et à vous et à tous les frères de ce que j'ai fauté...». Durant tout le récit, un dialogue était autorisé dans un échange de questions/réponses entre le commandeur et le pécheur. Une fois terminé, ce dernier devait sortir afin que le chapitre puisse délibérer durant son absence. Il n'est rappelé alors que pour entendre sa sanction, plus ou moins légère selon la faute commise.
La Règle demandait aussi une chose assez étonnante. En effet, elle encourageait les templiers à dénoncer leurs frères qui auraient alors péchés si ces derniers n'avouèrent pas. Les frères qui commettaient un crime, même une peccadille, devaient être punis. C'était la Règle. Cependant, gare à ceux qui dénonçaient sans preuve ! La Règle encourageait à être sage, ne pas prendre en compte les rumeurs et les calomnies qu'ils pouvaient entendre, se référer à des hommes plus sages (et donc plus âgés), et dénoncer seulement le templier après mûrs réflexions.
L'ordre du Temple ne plaisantait pas en matière de sanction. Les plus graves entraînaient la perte de la maison, c'est-à-dire une exclusion de l'ordre. Lorsque le conseil avait tranché, l'accusé devait se présentait dépouillé de ses vêtements, nu, une corde au cou, à genoux devant le commandeur qui dictait la terrible sentence. Il devait partir sur le champ, en n'emportant aucune arme, aucun élément de son équipement, et surtout pas son manteau blanc, qui aurait été une insulte pour un pêcheur de porter un manteau qui représente la pureté. Cette sanction s'appliquait dans des cas très précis, que la Règle définissait.
Par exemple, si un frère avait soudoyé un autre frère, par moyen d'argent ou de promesses, crime qualifié de simonie, ce frère était sanctionné de la perte de la maison. C'était la même sanction pour un frère qui avait tué un autre chrétien. Nous avons retrouvé des écrits qui rapportent le cas de trois Templiers d'Antioche qui auraient été responsables de la mort de plusieurs marchands chrétiens. Ils furent sanctionnés fortement car, après la perte de la maison, ils furent fouettés dans les rues d'Antioche, de Tyr, de Sidon et d'Acre, avant d'être jetés dans la prison de Château-Pèlerin, où ils finirent leurs jours.
Dans un autre ordre d'idée, la perte de la maison se faisait également pour les Templiers qui avaient révélés tous les secrets de l'ordre, ceux coupable de sodomie, ou encore les hérétiques et ceux qui reniait le Christ, pour sauver leur vie. L'histoire d'un certain Roger l'allemand qui s'était fait capturé par les musulmans nous est revenu. Il est dit que les musulmans lui demandèrent de « lever le doigt et crier la loi ». Roger avait beau expliqué qu'il n'avait pas compris la signification de ce geste, il fut sanctionné de la perte de la maison. La Règle était également très claire en ce qui concernait les « larcins » des frères sur le Temple. À la fin des combats, si les Templiers découvrirent de l'or ou tout autre objet qui allait à l'encontre du vœu de pauvreté, il ne serait plus enterré dans le cimetière, mais jeté dans la rue au chien, et s'il y était déjà enterré, il devait être déterré sur le champ.
La perte de la maison était une sanction définitive selon la Règle, mais pourtant, quelques articles laissent penser à une possible réintégration exceptionnelle de certain frère, si celui-ci était connu pour ses actes passés de bienveillance. La perte de l'habit était une sanction moins sévère que la perte de la maison, mais était une sanction très dure. Cette sanction était suivie généralement de la mise au fer pour un temps déterminé selon le choix des frères allant d'une journée à un an.
Cette sanction était appliquée par exemple à ceux qui refusaient d'obéir aux ordres du commandeur. Également, était puni tous frères qui frappaient un de ses camarades, ou battaient un chrétien. Dans une autre idée, la mort d'un esclave, la perte d'un cheval ou les relations avec une femme étaient punies par la perte de l'habit. La durée de la perte de l'habit était assez modulable, pouvant punir avec souplesse bon nombre de situations plus ou moins graves (mensonges, accusations sans fondement, attaque de l'ennemi sans autorisation). Généralement, quelques jours suffisaient à remettre le fautif dans le droit chemin. Les chevaliers, sans manteau ni armes, purgeaient leur peine dans les hospices, sous la surveillance de l'aumônier. Ils devaient prendre leur repas par terre, et jeûner au moins 3 jours avec du pain et de l'eau, et ne devait ni rire ni plaisanter. Ils devaient bien sur suivre les heures de prières, mais sans se rendre à la chapelle avec ses autres frères. En outre, ils étaient chargés des tâches ménagères les plus ingrates comme laver les écuelles, peler les oignons, mener l'âne, faire le feu etc. Le dimanche, ils devaient se présenter devant tous les frères après l'évangile, pour recevoir la discipline donnée par le chapelain. En cas d'alerte, la pénitence était suspendue et le chevalier pouvait reprendre ses armes et son cheval pour combattre.
Ainsi, nous avons vu qu'il existait un chapitre hebdomadaire qui avait pour objectif de régler les problèmes internes de l'ordre, mais aussi de sanctionner si besoin les frères pécheurs. Les deux plus graves sanctions étaient la perte de la maison et la perte de l'habit. Ces dernières étaient rendues suite à des crimes plus ou moins graves, s'adaptant à la situation. Les Templiers devaient suivre la Règle, pour leur bien-être ! Cependant, malgré les sanctions, les écarts de certains frères étaient encore bien présents.
Si du point de vue religieux, le royaume de Jérusalem était une nécessité. Du point de vue politique, c'était un royaume très mal placé. En effet, ce petit royaume qui ne possède que de quelques comtés se retrouve entre d'immenses puissances musulmanes, aussi bien shiites que sunnites. Les plus simples émirats rivalisaient avec le petit royaume latin chrétien. Hormis le souhait de vengeance et le désir de reconquérir les territoires perdus, les musulmans considèrent également Jérusalem comme une ville religieuse. C'est pourquoi les conflits sont d'ordre à la fois politique, mais aussi religieux.
Ainsi, en hiver 1144, Imad ed-Din Zengi dit le Sanguinaire commença les hostilités envers le royaume en s'attaquant à la ville fortifié d'Edesse. En 1 mois de siège, la ville tomba aux mains de ce nouvel adversaire. Ce fut un véritable choc pour l'occident au point même d'animer suffisamment les foules pour crier à la deuxième croisade en 1146. Contrairement à la première, la deuxième croisade présenta de meilleures atouts : des Rois croisés comme Louis VII de France, une armée de Templiers (130 sous les ordres d'Evrard des Barres) expérimentée après avoir combattu les Maures en Espagne.
Ces croisés traversèrent le Bosphore en octobre 1147, pour traverser ensuite les montagnes d'Asie mineure. La traversée fut longue et dangereuse, entre chemins sinueux et les turcs qui occupaient la région. Devant une hauteur nommée « la montagne exécrable » par le chapelain de Louis VII, le roi ordonna d'attendre que les troupes se rassemblent avant de traverser. Un seigneur, n'y voyant aucun danger, nia les ordres et entama la montée. Lorsque le roi arriva le soir, dans la pénombre, il fut accueilli par une armée de Turc qui provoqua la panique au sein de l'armée française. Le roi lui-même fut menacé. Heureusement, la présence des Templiers, ayant gardé leur sang-froid, repoussèrent l'attaque. Pour les remercier, le roi Louis VII leur donna le commandement de toutes les armées. Cependant, cela n'a guère suffit, et la deuxième croisade se solda par un échec.
Siège d'Ascalon, par Sébastien Mamerot, paru dans Les Passages d'oultre merAu sud de la Palestine, tout près de l'Egypte se trouve la ville côtière d'Ascalon. Lors de la première croisade, les armées avaient tentés de l'assiéger, sans succès. Rapidement, elle se fit une réputation de cité imprenable, protégée par une double ceinture de rempart et de 150 tours. Baudouin III, le roi de Jérusalem, fit appel aux Templiers, Hospitaliers et aux barons de la Terre-Sainte pour mettre fin à cette réputation. Le patriarche de Jérusalem, Foucher d'Angoulème, bientôt centenaire, était venu lui-même avec les reliques de la Vraie-Croix. C'était le début du siège d'Ascalon.
En janvier 1153, toutes les machines de guerre disponibles bombardaient la ville. Les chrétiens avait même construit des remparts en bois ainsi qu'une gigantesque tour où archers et arbalétriers pouvaient éliminer les archers adverses depuis leur hauteur. Les défenseurs d'Ascalon, pour éliminer cette muraille de bois, jetèrent des morceaux de bois, des fagots, des branches en dehors de leur muraille en pierre. Le 16 août, après avoir jeté de l'huile dessus, ils y mirent le feu, espérant alors que le feu atteindrait les murailles adverses. Cependant, le vent changea soudain de direction, repoussant les courants d'air vers les murailles d'Ascalon. Les pierres chauffés finirent par céder, et une brèche apparue. Bernard de Trémelay, le maitre du Temple lança une attaque avec une quarantaine de ses chevaliers à l'intérieur. Hélas, la chance ne tourna pas deux fois. Les assiégés colmatèrent la brèche et tous les templiers furent exterminés et leurs cadavres suspendues sur les murailles de la ville. Cette attaque fut plusieurs fois reprises dans des chroniques, critiqués par l'Evêque de Tyr, ou alors applaudis par Jacques de Vitry. Ascalon fut prise le 22 aout 1153, ce qui libéra la route des chrétiens vers l'Egypte, ainsi que de l'oppression sarrasine dans la région.
Saladin apparait dans la seconde moitié du XIIème siècle. Devenu maître de l'Egypte en 1169, il succède à Nur al-Din à Damas en 1174. Il contrôla la Syrie, entourant ainsi dangereusement les États Latins. Son objectif était de réunir le monde musulman en un seul sultanat, qui jusqu'à alors était divisé en une multitude d'émirat plus ou moins puissant. À Jérusalem, le nouveau roi de Jérusalem Baudouin IV n'a que 14 ans mais règne déjà. Malheureusement, il est atteint de la lèpre. Pourtant, son prestige est assez grand.
Bataille de Montgisard, par Charles-Philippe LarivièreEn novembre 1177, 80 templiers venus de la forteresse de Gaza prirent la route de Montgisard, où ils repoussèrent l'armée de Saladin en route à Jérusalem même. Deux ans plus tard, ce fut l'inverse, et les armées chrétiennes subirent une sèvère défaite à Margeleon. Le maitre du temple, Eudes de Saint-Amand fut même capturé. Ensuite, des difficultés politiques apparurent. En 1185, Baudouin IV meurt, laissant la place vacante. La même année, l'élection de Gérard de Ridford en nouveau maître du Temple fut un désastre pour l'ordre. En effet, ce flamand, surnommé « le mauvais génie du Temple » fut reconnu par ses aptitudes d'irresponsables. Notons alors par exemple en 1187, à La Fontaine de Cresson, il lanca une attaque suicide, malgré les préventions de son maréchal, contre l'armée de Saladin. Les pertes furent lourdes et seul le maître du Temple, étrangement, fut l'un des rares chrétiens à avoir survécu.
Le nouveau roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, rassembla autour de lui tous les barons et ordres afin d'arrêter une bonne fois pour toutes les armées de Saladin. L'été 1187, l'armée franque avait dressé ses tentes près de Séphorie, à mi-chemin entre la côte et le lac de Tibériade. De là, le roi de Jérusalem pouvait contrôler les déplacements de l'armée adverses. Dans la soirée du 2 juillet, Guy de Lusignan rassembla son armée. Il venait d'apprendre que Saladin et son armée étaient à Tibériade et seul le château, où la comtesse de Tripoli était, tenait encore. Hésitant, le roi de Jérusalem prit conseil. Le maitre du Temple Gérard de Ridford préconisait l'attaque là où le comte de Tripoli s'y refusa, estimant de ne pas tomber dans le piège du sultan, quitte à sacrifier sa femme. Le roi suivit les conseils du comte. Cependant, en pleine nuit, après avoir été convaincu par le maître du Temple, il ordonna de lancer la charge. A l'aube, l'armée se mit en marche sous un soleil de plomb. Peu à peu, l'armée s'épuisa. Le 4 juillet 1187, à Hattin, l'armée de Saladin encerclait le camp des chrétiens, mais n'attaqua pas de suite, laissant le soleil être son soldat d'élite. Pour augmenter le supplice, il brula des herbes sèches laissant le vent jetait la fumée sur le camp. Les soldats devaient tenter une sortie. Après quelques charges plus ou moins heureuses, Saladin lança l'attaque, et ce fut un véritable massacre. Fut prisonnier le roi de Jérusalem et le maitre de l'ordre du Temple.
Peu à peu, ce fut la fin. La Vraie-Croix tomba aux mains des musulmans, tous les Templiers et Hospitaliers furent exécuté sauf le maitre du temple. Quel raison ? Avait-il renié sa religion ? Accord secret ? Nul ne le sait.  Suite à ça, Saladin chargea. Le 10 juillet, Acre tomba, puis Jaffa, puis Beyrouth, Ascalon et le 20 juillet, Jérusalem même ! Seul la ville d'Acre, reprise le 12 juillet 1191, survécu, et résista pendant 1 siècle, devenu le dernier état latin d'Orient.
Même si Jérusalem n'appartenait plus à l'Occident, le Royaume de Jérusalem existait encore, ou du moins, le titre. Le Royaume de Jérusalem appartenait à Jean de Brienne, qui était également le Roi de Sicile. En 1223, sa fille Isabelle de Brienne épousa Frédéric II, le Kaiser de l'Empire germanique. Malheureusement pour elle,  Isabelle mourut en mettant au monde son fils ConradFrédéric II décida alors de proclamer son fils comme étant le roi de Jérusalem, sans se préoccuper de son beau-père.
Malgré son excommunication dû à des conflits forts avec le Pape, Frédéric II prit la route vers l'Orient, mais, choisit d'affronter son adversaire sur la voie de la diplomatie plutôt que celle des armes. En février 1229,Frédéric II rencontra le sultan d'Égypte Al-Kamil, avec qui il signa un traité à Jaffa. Le traité stipulait que les Chrétiens récupèraient les villes de Bethléem, de Nazareth, et de Jérusalem… Cependant, les lieux saints restaient musulmans, notamment le Saint-Sépulcre. Par conséquent, nous ne pouvons pas parler de véritable victoire. Bien que les récupérations des terres soient très intéressantes, ne pas avoir la possession du Saint-Sépulcre, c'est-à-dire le sanctuaire de Jérusalem, celle qui fait toute la force de la cité, ne règle pas le problème d'origine. En réalité, Frédéric II voulait des terres pour son fils, sans forcément chercher à respecter les vœux de la chrétienté. Au sujet du roi, le pape le jugea rapidement de « traître et mécréant », ce qui suscita une hostilité grandissante, notamment chez les Templiers qui quittèrent la Terre Sainte.
Arrivée de Louis IX à Nicosie, en route vers l'Égypte par Guillaume de Saint-PathusL'arrivée du nouveau sultan d'Égypte Malik al-Salih Ayyoub entraîna des conflits avec les États Latins. En août 1244, Jérusalem fut investi par l'armée musulmane. Les Chrétiens réagissent le 17 octobre, et envoient une importante armée menée par Gautier de Brienne, le comte de Jaffa et d'Ascalon. Après une lutte acharnée de deux jours lors de la bataille de la Forbie, les Chrétiens tombèrent. Des 348 Templiers présents, 312 périrent au combat, dont le maître Armand de Périgord. L'événement fit grand bruit, jusqu'aux oreilles d'un certain roi de France, le futur Saint Louis. Ce dernier se prépara alors pendant 6 longs mois pour la septième croisade. Les croisés débarquèrent le 6 juin 1249 à Damiette. La ville se rendit sans résistance. Louis IX se dirigea ensuite avec son armée vers la capitale de l'Égypte, le Caire...
En février 1250, de nombreux combats eurent lieux autour de Mansourah, où les Occidentaux furent vainqueurs, mais avec beaucoup de pertes (200 Templiers perdirent la vie au combat). Saint Louis décida de retourner à Damiette, afin de récupérer et de soigner les blessés et les fiévreux. Mais le 7 avril, l'armée tomba aux mains des Musulmans. Durant le combat, le maître du Temple, Guillaume de Sonnac, fut mortellement blessé et le roi de France est capturé. Une énorme rançon est alors demandée. Sire de Joinville, le conseiller du roi, se tourna vers les Templiers pour réunir la somme, mais ces derniers prétextèrent que les caisses ne leur appartenaient pas et qu'ils ne pouvaient pas payer. Après plusieurs accords, un compromis fut trouvé. Le maréchal du Temple, Renaud de Vichiers suggéra à Joinville de s'emparer des coffres par la force, les Templiers n'opposant qu'une faible résistance. Après avoir dépouillé l'ordre de quelques trésors, Louis IX fut libéré, et continua son périple, retournant à Acre...
Tout allait bien, jusqu'au jour où le roi apprit que les Templiers avait négocié sans son autorisation avec le sultan de Damas à propos de propriétés sur des terres. Énervé, Louis IX les convoqua pieds nus devant son armée et une foule de curieux. Après avoir ordonné aux Templiers de s'agenouiller, il demanda au maître du temple, Renaud de Vichiers de lui faire amende honorable. De plus, il n'exigea que le maréchal de l'ordre, qui avait traité directement avec les Musulmans, soit chassé de la terre Sainte. Il faut comprendre par son acte que le roi voulait montrer que c'était lui qui détenait l'autorité, et que les Templiers devaient lui obéir. Mais, par son acte, il abaissa le prestige et la légitimité du pouvoir des Templiers, même s'il était déjà faible.
Arrivée de Louis IX à Nicosie, en route vers l'Égypte par Guillaume de Saint-PathusLes Templiers ont beaucoup perdu de batailles, d'hommes mais aussi de maîtres. Méritaient-ils réellement cela ? Ceci est sujet à débat. Les faits ont montré en revanche que cela leur aura été fatal.
En avril 1254, Louis IX retourna en France qu'il avait quitté depuis plus de 6 ans. Après son départ, les Musulmans attaquèrent et les places fortes tombèrent les unes après les autres. Les Templiers abandonnèrent en 1266 Saphet, et en 1268, Beaufort. Les Hospitaliers abandonnèrent le Krak des Chevaliers, pourtant réputé imprenable ! Le pape appela alors à une nouvelle croisade, à laquelle Louis IXrépondit présent. Cependant, celle-ci eut un destin tragique puisqu'en 1270, devant les portes de Tunis, le roi de France mourut.
En avril 1291, le sultan Malek Al-Ashraf arriva aux portes d'Acre, accompagné de 150 000 fantassins, et de 80 000 cavaliers, et 4 catapultes. Ainsi, débuta le siège... Le 18 mai, les Musulmans lancèrent l'assaut, avec un avantage du nombre indéniable (10 contre 1). Pendant le combat, le maître Guillaume de Beaujeu, reçut une flèche enflammée qui le blessa mortellement. C'était le 21ème maître et le 13ème à mourir au combat ! Les Sarrasins envahirent la ville, où la population se réfugia au Temple. Ce dernier tenu encore 10 jours. Après quoi, Pierre de Sévry négocia la reddition, mais le sultan lui tendit un piège. Prétextant négocier, il le décapita dès qu'il sortit du Temple. Le 28 mai 1291, les Musulmans entrèrent dans le Temple en ruine qui s'effondra sur eux-mêmes. Une vengeance d'outre tombe ? Après cette défaite, les dernières forteresses abandonnèrent, et les résidents connurent des fins plus ou moins heureuses (à Beyrouth, croyant la bonne foi des Sarrasins, les Templiers furent tous pendus). La Terre Sainte était perdue...
Le premier reproche fait à l'encontre du Temple était leur richesse. En effet, dans ce domaine là, les Templiers avaient bien géré leur finance, et s'étaient beaucoup enrichis, ce qui constituait un des premiers paradoxes. Les Templiers, faisant vœu de chasteté, étaient riches... Peu à peu, les expressions apparaissent et formaient une sorte de critique envers les Templiers : « Boire comme un Templier », « Jurer comme un Templier » ou encore « Aller au Temple » pour dire d'aller au bordel !
Un certain Esquieu de Floyran prétendait avoir recueilli des aveux d'un Templier, qui dénonçait l'ordre. Ce personnage s'adressa d'abord au roi d'Aragon, Jacques II. Sans doute, il ne crut pas ces accusations, tout comme les conseillers de Philippe IV le Bel, mais ce dernier comprit qu'il pouvait y gagner. En effet, il pourrait de cette manière détruire l'ordre qui devenait une menace puissante pour la royauté. Surtout que les Templiers contrôlaient le trésor royal... Philippe IV le Bel n'était pas idiot, et avait déjà joué le rôle de l'avocat du diable en s'attaquant au pape Boniface VIII, qui depuis entretient des relations tendues.
L'interrogatoire de Jacques de Molay. Gravure du xixe siècle.Jacques de Molay, le dernier maître du Temple, connaissait les accusations sur l'ordre. Pour rétablir la vérité, il demanda en 1307 au pape d'ouvrir une enquête officielle, que Boniface VIII accepta. Philippe IV prit-il peur ? Dans tous les cas, il commanda l'arrestation de tous les Templiers avec comme chef d'arrestation, Guillaume de Nogaret. Le 14 septembre 1307, des lettres closes furent envoyées dans tout le royaume, prévoyant leur arrestations, et de n'agir que le jour J. Dans ces lettres, les Templiers sont décris comme « des loups sous l'apparence de l'agneau […] crucifiant aujourd'hui de nouveau notre Seigneur Jésus-Christ et l'accablent d'injures d'autant plus graves que celles qu'il souffrit sur la croix.. ». Ensuite, les causes vinrent, décrivant les commandeurs comme étant des hommes limites « obsédés » sexuelles, recherchant la luxure, faisant acte de sodomie, les baisers dans des endroits peu enviables, ainsi que le reniement du Christ. L'arrestation devait se faire le même jour, le vendredi 13 octobre au matin (d'où la légende du vendredi 13). Les Templiers arrêtés furent jetés en prison, et tous leurs biens furent dressés. Ce fut une grande réussite. Surpris, les Templiers ne se défendirent pas. Seuls quelques rares frères réussirent à s'échapper hors de France. Le nombre exact reste flou, mais des centaines, voire des milliers furent arrêtés (138 à Paris, 150 à Nantes, 60 à Beaucaire…).
Les interrogatoires commencèrent très tôt, durant lesquelles l'Inquisition joua un rôle dominant. Après quelques heures de torture, beaucoup avouèrent, dont à la grande surprise de tous le maître lui-même,Jacques de Molay. Mais, faut-il y voir la vérité ? Comment un homme âgé, après des journées de torture, avec tout son ordre arrêté, ne pouvait-il que dire ce qu'attendaient ses bourreaux ? Celui-ci avoua renier le Christ 40 ans avant, mais réfuta tout acte charnel. Peu à peu, la nouvelle fit le tour, et le reste de l'ordre perdit espoir, avouant leurs prétendus crimes (à Paris, sur les 138 interrogés, 134 avouèrent !). Mis devant le fait accompli, Clément V, le nouveau pape voyait son autorité contesté. Le 22 novembre 1307, le pape lui-même ordonna leur arrestation. La nouvelle fut accueillie plus ou moins bien par la chrétienté. Les rois de Navarre, d'Aragon et de Naples obéirent par exemple. Mais d'autre, comme les rois de Castille et d'Angleterre se montrèrent plus réticents. Il fallut une mise en garde du pape pour qu'ils obéissent.
Cependant, le combat entre le pape et le roi de France se poursuit. Le roi voulait la destruction de l'ordre complet ! Il envoya à la papauté des Templiers pour qu'ils avouent leurs fautes. Cependant, Clément Vréclama de voir le maître en personne. À contrecœur, Philippe accepta. Cependant, lors du voyage du transfert, le pape apprit qu'il ne pouvait pas les voir car les Templiers tombèrent malade ! On peut douter de cette histoire, dans le sens où le voyage entre Chinon et Poitiers, lieu de rencontre, ne dépassait guère une journée ! Cette étrange maladie était plutôt une excuse pour empêcher la rencontre. Ainsi, la rencontre entre Clément V et le maître n'eut jamais lieu. Le pape envoya des dignitaires pour recueillir les aveux de Templiers qui avouèrent de nouveau leurs fautes.
Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher, enluminure provenant des Grandes Chroniques de FrancePhilippe IV et Clément V finirent par arriver à un compromis : en tant qu'individus, les Templiers seraient jugés par des commissions installés dans chaque diocèse. Cependant, ils restèrent en prison du roi. On prévoyait également la création à Paris d'une commission pontificale. Lorsque les Templiers arrivèrent devant la commission, ils dénoncèrent la machination dont ils étaient victimes. Le 28 novembre, Jacques de Molay restait flou dans ses déclarations, ne souhaitant parler qu'au pape. Philippe IV, ayant vent des nouvelles, décida de réagir violemment. Comme les Templiers avait avoué leur fautes, puis renié, ils furent tous condamnés à mort. Le 12 mai 1310, 54 Templiers furent brûlés vifs sur le bûché. L'effet de la sentence fut  immédiate, car dès le lendemain, les Templiers hésitèrent. La commission pontificale se termina officiellement le 26 mai 1311. Les témoignages furent utilisés lors du Concile de Vienne le 16 octobre 1311, concile qui décidait le sort des Templiers. Philippe IV le Bel trouva les discussions un peu trop longues, il arriva avec une armée. Le 20 mars, il se présente à la porte de la ville. Le 22 mars 1312, par la bulle Vox in excelso, Clément V déclare la dissolution de l'ordre. Condamnés pour mauvaises réputations, ils ne sont cependant pas traités d'hérésies. Les Templiers qui avaient avoué leurs fautes pouvaient se rendre dans les monastères de leurs choix, mais ceux qui reniaient continuèrent à être poursuivies. Les 4 dignitaires principaux, dont Jacques de Molay eurent une sentence spéciale. Le 22 décembre 1313, 3 cardinaux sont nommés pour les juger. Les Templiers avouèrent de nouveau leurs fautes. Le 18 mars 1314, la décision est prise : prison perpétuelle et sévère. Soudain, Jacques de Molay se leva, et hurla de toute voix sa lâcheté, l'hypocrisie de Philippe IV et du pape Clément V, et la pureté de l'ordre. Philippe IV, fou de rage, ordonna sa condamnation à mort. Jacques de Molay, accompagné par Geoffroy de Charney montèrent sur le bûcher, sur un îlot de la Seine, en aval de l'Île de la cité. Les deux Templiers continuèrent de proclamer leur innocence. Selon la légende, avant de mourir, Jacques de Molay aurait alors maudit la famille royale, qui donna lieu ensuite aux épisodes des Rois maudits. C'est ainsi que les Templiers et l'ordre du Temple furent tués et détruits...


  • DEMURGER Alain, Croisades et Croisés au Moyen-âge, Flammarion, collection Champs, 2006, 410 pages.
  • FLORI JEAN, La croix, la tiare et l'épée : la croisade confisquée, Payot & Rivage, Collection Histoire, 2010, 350 pages.
  • HUCHET Patrick, Les Templiers de la gloire à la tragédie, Editions OUEST-France, Collection Histoire, 2010, 130 pages.
  • BRIAIS Bernard, Les Templiers, France Loisirs, collection Les mémoires du Temps, 2011, 190 pages.
  • Source des images : Wikipédia

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