L'immolation des templiers
(François J.-M. Raynouard 1761-1836)
Un immense bûcher, dressé pour leur supplice, S'élève en échafaud, et chaque chevalier Croit mériter l'honneur d'y monter le premier. |
Mais leur Grand Maître arrive ; il monte, il les devance ; Son front est rayonnant de gloire et d'espérance. Il lève vers les cieux un regard assuré, Il prie et l'ont croit voir un mortel inspiré. |
D'une voix formidable aussitôt il s'écrie : - Nul de nous n'a trahi son Dieu, ni sa patrie, Français, souvenez-vous de nos derniers moments, Nous sommes innocents, nous mourons innocents ! |
L'arrêt qui nous condamne est un arrêt injuste, Mais il est dans le ciel un tribunal auguste Que le faible opprimé, jamais n'implore en vain, Et j'ose t'y citer, ô Pontife romain ! Encore quarante jours... je t'y vois comparaître ! " Chacun en frémissant, écoutait le Grand Maître. |
Mais quel étonnement, quel trouble, quel effroi, Quand il dit - " O Philippe, ô mon maître, ô mon roi, Je te pardonne en vain ta vie est condamnée : Au tribunal de Dieu, je t'attends dans l'année ! " |
Les bourreaux interdits n'osent plus s'approcher ; Ils jettent en tremblant le feu sur le bûcher, Et détournent la tête... Une fumée épaisse Entoure le bûcher, roule et grossit sans cesse. |
Tout à coup le feu brille à l'aspect du trépas, Ces braves chevaliers ne se démentent pas. On ne les voyait plus, mais leurs voix héroïques Chantaient de l'Eternel les sublimes cantiques. |
Plus la flamme montait, plus ce concert pieux S'élevait avec elle et montait vers les cieux. |
Votre envoyé parait, s'écrie... Un peuple immense, Proclamant avec lui votre auguste clémence, Auprès de l'échafaud soudain s'est élancé ... Mais il n'était plus temps... Les chants avaient cessé. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire